Il y a quelques semaines, j’ai réalisé un de mes rêves : voir le Mont Saint-Michel. Le rocher se trouvait depuis longtemps sur ma «liste des endroits que je rêve de visiter» (sur cette liste figurent également le château de Neuschwanstein, le Machu Picchu et les temples d’Angkor – bref, que des coins super accessibles !).
Tout le monde m’avait prévenue : «Rien n’est prévu pour les personnes à mobilité réduite. Tu ne pourras rien voir, ça ne vaut pas la peine d’y aller». Les informations trouvées sur internet allaient dans le même sens… Du coup, je savais à quoi m’attendre et je n’ai pas été déçue !
Samedi 28 mars
Après un long voyage en car, je découvre enfin la baie du Mont Saint-Michel. La pluie du Nord a fait place au soleil de Normandie, et la température frôle les 20 degrés. Un court trajet en navette nous conduit directement au pied du Mont :on a beau avoir déjà vu des dizaines de photos, c’est quand même bien plus impressionnant en vrai…
Voir le Mont de loin, et d’en bas, sous un immense ciel bleu, suffisait déjà largement à mon bonheur. Mais j’étais bien décidée à en profiter au maximum, et à aller aussi haut que mon fauteuil me le permettrait !
Nous commençons notre ascension par la rue principale, à la recherche d’un endroit pour déjeuner. Malheureusem*nt, pas un seul restaurant n’est accessible de plain-pied… Après avoir cherché pendant une demi-heure, nous nous installons sur la «Terrasse de la Mère Poulard», en face de l’hôtel-restaurant du même nom (réputé pour ses omelettes, mais dont les menus – qui démarrent à 30€ – n’étaient pas vraiment dans notre budget). Mes deux amis (et un client) m’aident à franchir les 3 marches qui mènent à la terrasse, sous le regard d’une serveuse qui fait semblant de nous ignorer. L’accueil fut on ne peut moins chaleureux : ni «bonjour», ni «merci», ni «ça vous a plu ?», ni «au revoir». Je ne suis pas exigeante, mais tout de même… Ma crêpe (12€) était tiède et sèche, et la soupe de mon ami (4,50€) était servie dans une coupelle en plastique, sans pain. Bref, je ne recommande pas 😉
Nous continuons notre promenade dans la Grande Rue, dont la pente devient de plus en plus forte. Seuls les fauteuils électriques puissants s’en sortiront dans la dernière montée. Et si vous êtes en fauteuil roulant manuel, un (ou plutôt deux) accompagnateur musclé est indispensable !
Je me retrouve enfin face aux fameux escaliers :350 marches mènent à l’abbaye… et si j’en montais quelques unes ?Juste pour avoir une vue «d’en haut»… Je sais, n’importe quelle personne sensée se dirait que la visite s’achève ici, mais il faut croire que je n’en fais définitivement pas partie…
Grâce à l’aide d’une dizaines de personnes, j’escalade dix, vingt, trente… soixante marches ! Je n’irai pas jusqu’à l’abbaye, mais la vue en vaut déjà largement la peine. Après une petite pause «crêpe» (bien meilleure que celle de ce midi), c’est parti pour la descente : une centaine de marches sur les fesses ! Mes genoux s’en souviendront pendant quelques jours…
J’arrive en bas épuisée, mais heureuse et surtout reconnaissante envers toutes les personnes sans qui cette journée n’aurait pas été la même !
Dimanche 29 mars
Le lendemain, je découvrela petite ville d’Honfleur, connue pour son Vieux Bassin et ses façades recouvertes d’ardoises. Le soleil n’est plus de la partie, mais la promenade est agréable. Les vieillies ruelles sont toutefois peu adaptées aux fauteuils roulants : trottoirs hauts et sans abaissés, marches à l’entrée de chaque magasin ou restaurant… Avant de reprendre la route, nous profiterons d’un copieux «Fish & Chips» à «La Commanderie» (une marche à l’entrée, WC non accessible au RDC, mais carte bien fournie et service rapide).
Dernière étape du voyage :les falaises d’Etretat. Ces immenses falaises de craie blanche, contrastant avec une mer bleu foncée et déchaînée, valent définitivement le détour.Par temps clair et mer calme, l’endroit doit être plutôt romantique. Mais aujourd’hui, le grand vent et les vagues rendent la scène encore plus impressionnante, presque violente.
Plusieurs escaliers permettent d’atteindre le sommet des falaises. La vue est sûrement pas mal, mais j’avais déjà eu ma dose d’escalade pour le week-end… J’ai préféré terminer la journée par une délicieuse crêpe (oui, encore) avec vue sur la mer. Je vous recommande la «Crêperie La Grange», le choix est varié et les ingrédients de qualité (marche de 15cm devant la terrasse, WC adapté).
Ici s’achève ce sympathiqueweek-end normand ! Je reviendrai, c’est sûr, car les beaux paysages ne manquent pas dans la région…
Quelques infos pratiques :
Comment se rendre au Mont Saint-Michel ?
Le parking coûte 12,50€ par jour, y compris pour les PMR (P2 réservé aux détenteurs d’une carte de stationnement). La navette «Le Passeur», équipée de rampes d’accès et de plusieurs emplacements pour personnes en fauteuil roulant, circule gratuitement entre les parkings et l’entrée du Mont.
Le Centre d’information touristique (09-19h) abrite une exposition, des consignes et des toilettes adaptées aux PMR. Il est également possible d’y emprunter un fauteuil roulant.
Plus d’informations sur le site Bienvenue au Mont Saint-Michel
/!\ Mise à jour 2016 : il est désormais possible d’emprunter une joëlette pour visiter le Mont ! Seule condition : venir avec au moins 4 accompagnateurs valides. Plus d’informationssurle site Handibaie(réservation indispensable).
/!\ Mise à jour 2018 : Le Cercle Jules Ferry Handisport (voir page Facebook) dispose également de joëlettes – Contactez MrPhilippe Dugué au 0033 674910353.
Où dormir ?
Les hôtels situés sur le Mont (130 à 300€/nuit) sont tous difficilement accessibles aux personnes à mobilité réduite. D’après l’Office du Tourisme, trois hôtels proches disposent de chambres adaptées : le Relais Saint-Michel, le Mercure et l’Hôtel Gabriel. Si vous ne voulez pas avoir de mauvaise surprise, je vous conseille de contacter directement l’hôtel qui vous intéresse pour leur demander plus de précisions.
Si vous repartez vers le nord ou que votre budget est serré, l’Ibis budget de Granville (où nous avons passé une nuit), à 45 minutes en voiture du Mont Saint-Michel, peut être une bonne option. Comptez 40€/nuit pour une chambre triple (3 sont adaptées aux PMR, avec douche à l’italienne), et 6€ pour un petit-déjeuner à volonté. Le mobilier est minimaliste (pas d’armoire, de table de nuit ou même de shampoing), mais les chambres sont propres et plutôt calmes.
Blandine